Selon une nouvelle étude britannique, le Covid-19 a un impact « délétère » sur le cerveau des personnes infectées par le virus quelques mois plus tôt. Explications.
Alors que le nombre de cas de Covid-19 est reparti à la hausse en France, une nouvelle étude publiée dans la revue Nature alerte des effets à long terme du coronavirus sur le cerveau des personnes infectées.
Alors que le virus est avant tout une maladie respiratoire, les effets sur le cerveau, envisagés par les chercheurs dès 2020, se confirment. Et ce, même en cas de formes « légères » de la maladie. Selon les chercheurs britanniques auteurs de l’étude, le Covid peut impacter notre cerveaux de trois façons différentes.
Matière grise et taille du cerveau impactées
Le premier constat de cette étude est le fait que le Covid impacte « la matière grise » du cerveau. Selon les chercheurs, qui ont observé les radiographies de 401 personnes ayant eu le Covid avant et après avoir contracté le virus et 385 patients sur la même période mais n’ayant pas été infectées, la matière grise a été réduite de 0,2 à 2% après l’infection.
« Pour se faire une idée de l’ampleur de ces effets, on peut les comparer à ce qui se passe lors d’un vieillissement normal : on sait que les gens perdent chaque année entre 0,2 % et 0,3 % de substance grise dans les régions liées à la mémoire », explique Gwenaëlle Douaud, principale chercheuse à avoir contribué à cette étude, dans une présentation sur le site interne de l’université d’Oxford et relayée par l’AFP.
Autre phénomène observé, la « réduction de la taille du cerveau » serait plus importante chez les personnes qui ont été infectées par le coronavirus explique la publication.
L’odorat au centre du problème
Mais cela veut-il pour autant dire que ces effets sont irréversibles ? Rien n’est moins sûr. En effet, interrogé par France Culture, Pierre-Marie Lledo, neurobiologiste, directeur de recherche au CNRS et chef de l’unité « Perception et mémoire » de l’Institut Pasteur, indique que le chiffre de 2% de réduction du tissu cérébral pourrait être différent dans plusieurs années.
En revanche, ce qui a frappé les chercheurs, c’est la confirmation que l’odorat, sens le plus fréquemment affecté par le Covid-19, est à l’origine de cette affection. « Quand on trouve les territoires touchés par l’infection (la plupart des patients avaient eu des formes légères), la surprise était de constater que c’était toutes les régions du cerveau qui étaient régionalement reliées à l’odorat« , détaille Pierre-Marie Lledo.
Reste maintenant à savoir si ces répercussions sur le système nerveux sont dues au virus, à notre réponse immunitaire ou à la perte de l’odorat en elle-même.